JOURNÉE DE DÉCOUVERTE DE LA CASTAGNICCIA-CASINCA

C'est à Campile que s'étaient donnés rendez-vous le vendredi 10 mars, dès 8h, les 24 étudiants de l’école nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Nantes, leurs professeurs et Michèle Barbé, la présidente de la maison de l’architecture de la Corse, p

<p>Accueilli sur la place du village par Jean-Marie Vecchioni, le maire de Campile, qui a conduit tout ce petit monde dans les locaux communaux pour servir &agrave; chacun un caf&eacute; r&eacute;confortant, le groupe a &eacute;t&eacute; rapidement rejoint par deux agents de la communaut&eacute; de communes : Baptiste Pecorari, le charg&eacute; de mission du plan de relance &laquo;&nbsp;Avenir Montagnes&nbsp;&raquo;, et St&eacute;phane Orsini, le chef du service &laquo;&nbsp;Patrimoine&nbsp;&raquo;. Leur premi&egrave;re mission de la journ&eacute;e a &eacute;t&eacute; de convoyer jusqu&rsquo;au c&oelig;ur du Casacconi le buffet composant le petit d&eacute;jeuner.</p>
<p>Suite &agrave; un &eacute;change convivial et fructueux autour de ce point d&rsquo;accueil, promettant de riches d&eacute;bats lors du premier &laquo;&nbsp;Caf&eacute; Archi&nbsp;&raquo; devant se tenir &agrave; Campile ce lundi 13 mars &agrave; partir de 16h30, le groupe s&rsquo;est mis en route pour atteindre le col de Saint-Antoine, la seconde &eacute;tape du long et dense circuit de visites comment&eacute;es concoct&eacute; par les agents de la direction du d&eacute;veloppement de la Castagniccia-Casinca. Ceux-ci ont en effet compos&eacute; un parcours de d&eacute;couverte du territoire en s&eacute;lectionnant &agrave; travers l&rsquo;Ampugnani, le Casacconi, la Casinca et l&rsquo;Orezza, une quinzaine d&rsquo;arr&ecirc;ts dans des lieux strat&eacute;giques en lien avec les 3 th&eacute;matiques d&rsquo;&eacute;tudes &eacute;labor&eacute;es par les &eacute;l&egrave;ves architectes et leurs enseignants intitul&eacute;es : &laquo;&nbsp;Au fil de l&rsquo;eau&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;L&rsquo;oc&eacute;an v&eacute;g&eacute;tal&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Les sentiers des savoirs&nbsp;&raquo;.</p>
<p>Apr&egrave;s avoir &eacute;voqu&eacute; quelques points historiques, paysagers et architecturaux essentiels au pied des vestiges du couvent de Casabianca, le groupe, r&eacute;parti dans plusieurs v&eacute;hicules se d&eacute;pla&ccedil;ant en cort&egrave;ge telle une procession patrimoniale, a enchain&eacute; les visites guid&eacute;es de sites remarquables en Ampugnani puis en Orezza : San Quilico, &agrave; Giocatojo ; l&rsquo;&eacute;glise paroissiale et son clocher, &agrave; La Porta ;&nbsp;les ruines du couvent d&rsquo;Orezza ainsi que l&rsquo;&eacute;glise de Piedicroce.&nbsp;</p>
<p>En fin de matin&eacute;e, les vieilles pierres ont un instant c&eacute;d&eacute; la place aux activit&eacute;s &eacute;conomiques puisque avaient &eacute;t&eacute; inscrites au programme, d&rsquo;une part, la visite de la &laquo;&nbsp;Carri&egrave;re San Pedrone&nbsp;&raquo;, &agrave; Pied&rsquo;Orezza, o&ugrave; les &eacute;tudiants ont pu b&eacute;n&eacute;ficier sur place des explications donn&eacute;es par Virginie Albertini, et, d&rsquo;autre part, une halte &agrave; Piedipartino pour y &eacute;voquer le site de la piscine municipale de &laquo;&nbsp;L&rsquo;Onda&nbsp;&raquo;, ainsi qu&rsquo;un autre &eacute;quipement structurant et attractif, celui de la station de trail de la Castagniccia.</p>
<p>3 &eacute;tapes avaient &eacute;t&eacute; pr&eacute;vues avant le d&eacute;jeuner mais un ch&acirc;taignier qui s&rsquo;&eacute;tait abattu sur la route menant &agrave; Carpineto a oblig&eacute; les participants &agrave; &eacute;courter le programme pr&eacute;visionnel non sans avoir pu admirer auparavant une autre merveille du patrimoine baroque de la vall&eacute;e du Fium&rsquo;Alto : l&rsquo;&eacute;glise paroissiale de Carcheto d&eacute;di&eacute;e &agrave; Santa Margarita. Cet arr&ecirc;t a &eacute;galement &eacute;t&eacute; l&rsquo;occasion d&rsquo;examiner bri&egrave;vement l&rsquo;exceptionnelle concentration de maisons m&eacute;di&eacute;vales encore en &eacute;l&eacute;vation se succ&eacute;dant le long de la route menant &agrave; cette &eacute;glise&hellip;</p>
<p>Les conditions m&eacute;t&eacute;orologiques se d&eacute;gradant peu &agrave; peu en milieu de journ&eacute;e, le circuit a d&ucirc; encore &ecirc;tre adapt&eacute; en abandonnant l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un d&eacute;jeuner champ&ecirc;tre et panoramique &agrave; Monte d&rsquo;Olmo (commune de San Damiano) pour aller s&rsquo;abriter du c&ocirc;t&eacute; de Scata d&rsquo;Ampugnani o&ugrave; Joseph Pastini, le maire de la commune, a ouvert ses locaux de &laquo;&nbsp;A Riscontra&nbsp;&raquo;. Les participants ont pu y partager dans d&rsquo;excellentes conditions un repas offert par la communaut&eacute; de communes et compos&eacute; d&rsquo;une s&eacute;lection des meilleurs produits locaux.</p>
<p>Apr&egrave;s cette pause bien m&eacute;rit&eacute;e, le groupe prenait le chemin de la Casinca et un premier arr&ecirc;t &agrave; l&rsquo;&eacute;glise de Saint-Pancrace, &agrave; Castellare-di-Casinca, permettait de revenir sur les notions de&nbsp;<em>pievi</em>&nbsp;dont les origines m&eacute;di&eacute;vales d&eacute;terminent encore aujourd&rsquo;hui tant l&rsquo;identit&eacute; que le d&eacute;coupage des diff&eacute;rents bassins de vie constituant la Castagniccia-Casinca. Les visites se sont poursuivies par des &eacute;tapes pr&egrave;s de Penta, afin d&rsquo;y observer avec un peu de recul l&rsquo;architecture remarquable du seul village class&eacute; de Corse, puis &agrave; Venzolasca et enfin &agrave; Vescovato o&ugrave; les &eacute;tudiants et leurs professeurs ont parcouru les ruelles en compagnie des &eacute;lus qui s&rsquo;&eacute;taient mobilis&eacute;s pour les accueillir.</p>
<p>La descente vers la plaine a donn&eacute; l&rsquo;occasion de s&rsquo;arr&ecirc;ter pr&egrave;s de la ferme de l&rsquo;Agliastrone (commune de Vescovato) pour y aborder la d&eacute;marche de labellisation &laquo;&nbsp;Pays d&rsquo;art et d&rsquo;histoire&nbsp;&raquo; qu&rsquo;a entam&eacute;e la communaut&eacute; de communes et son souhait de faire de cette ancienne b&acirc;tisse agricole peu commune son futur centre d&rsquo;interpr&eacute;tation de l&rsquo;architecture et du patrimoine (Ciap). La nuit tombait quand le groupe atteignait enfin son ultime destination en bord de mer, &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e du site &laquo;&nbsp;Natura 2000&nbsp;&raquo; de Mucchiatana situ&eacute;e &agrave; Venzolasca.</p>
<p>La communaut&eacute; de communes tient &agrave; remercier tr&egrave;s sinc&egrave;rement l&rsquo;ensemble des &eacute;lus des communes membres dont l&rsquo;implication et la disponibilit&eacute; ont permis de faire de cette journ&eacute;e une belle r&eacute;ussite, et notamment les maires de Campile, de Piedicroce et de Scata ainsi que Dominique Orlandi, conseiller municipal &agrave; Venzolasca, et Michelle Antomarchi, vice-pr&eacute;sidente de l&rsquo;intercommunalit&eacute; en charge du tourisme &eacute;galement conseill&egrave;re municipale &agrave; Vescovato, pour le temps qu&rsquo;ils ont tous bien voulu accorder &agrave; ces rencontres avec les &eacute;l&egrave;ves architectes et leurs professeurs.</p>

Hors le murs Communauté de communes de la Castagniccia Casinca
Un premier « Café Archi »

C’est en Casacconi, et plus précisément à Campile, que s’est déroulé en fin d’après-midi, le lundi 13 mars 2023, le premier des trois « Cafés Archi » prévus sur le territoire durant la semaine d’immersion des étudiants de l’école nationale supérieure d’ar

Programmé par la communauté de communes, les enseignants de l’ENSA et la maison de l’architecture de la Corse, en étroite collaboration avec la commune de Campile qui accueillait ce premier rendez-vous et le laboratoire culturel « ORMA Creazione » qui en a assuré la logistique, ce « Café Archi » était placé sous l’une des trois thématiques liées au projet pédagogique développé dans le cadre de l’opération "Ateliers hors les murs - Avenir Montagnes". 

Intitulé « L’océan végétal », la rencontre a débuté par 2 interventions de cadrage. L’une assurée à distance par Fabien Gaveau, historien de la ruralité, professeur agrégé et chercheur associé au CNRS, qui a présenté de manière synthétique le territoire, ses productions agricoles mais également ses richesses environnementales en invitant les étudiants à ne pas appréhender cet espace comme un ensemble fermé mais bien comme une zone ouverte de tout temps sur l’extérieur. A sa suite, Baptiste Pecorari a exposé son travail en cours de réalisation pour le plan « Avenir Montagnes » en concluant sur les axes de la stratégie touristique qui pourraient être mis en place en Castagniccia-Casinca. Cette présentation a été complétée par Paul-André Dominici, agent de la communauté de communes du service « Tourisme », qui a notamment abordé les problématiques liées à la revitalisation de l’intérieur et fait part à l’auditoire d’un relatif optimisme quant à la forte motivation des jeunes désirant aujourd’hui rester ou retourner vivre et travailler « au village ».

Trois autres interventions en prise plus directe avec le Casacconi ont permis aux étudiants d’écouter avec attention les propos des acteurs du territoire. Jean-Emmanuel Vittori d’abord, conseiller municipal de Campile, géographe-infographiste au conseil d’architecture de l’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de la Corse et enseignant à l’université de Corse dans la filière « Tourisme », qui a évoqué la réhabilitation des sentiers communaux. Niek Pepels, permaculteur néerlandais installé à Campile, a parlé pour sa part de son exploitation, et, enfin, Jean-Marie Vecchioni s’est exprimé à la fois en tant que maire mais aussi en tant que castanéiculteur, sur les projets communaux, les caractéristiques de la châtaigneraie du Casacconi et les problématiques de la filière. Il a également répondu aux nombreuses questions qu’avaient préparées à ce sujet les élèves architectes.

Ces fructueux échanges se sont poursuivis autour d’un buffet très convivial offert par la commune de Campile qui s’est lui-même achevé par le tour de chant proposé par Jean-Marie Cossa au cours duquel les participants ont pu entendre quelques-unes des plus emblématiques chansons corses anciennes et plus 

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De la montagne à la mer, au fil de l’eau…

Pour ce second « Café Archi » des « Ateliers hors les murs / Avenir Montagnes », les étudiants en immersion de l’école nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Nantes et leurs professeurs ont fait étape à Folelli. Ils ont été accueillis en fin d’aprè

Comme la veille à Campile, c’était un programme d’interventions très dense et diversifié qui les attendait afin de faire progresser leurs connaissances et de faciliter leur diagnostic de la Castagniccia-Casinca. Avant d’écouter avec attention les différents spécialistes invités pour évoquer la seconde thématique du projet pédagogique de l’ENSA intitulée « Au fil de l’eau », le groupe d’étudiants chargé de travailler sur ce sujet a restitué durant une dizaine de minutes les informations principales qui avaient été recueillies depuis leur arrivée sur l’île et ont fait part à l’auditoire de leur ressenti dans ce domaine.

Le premier intervenant à s’exprimer était Denis Jouffroy, maître de conférences en histoire moderne à l’université de Corse, qui, n’ayant pu être à Campile afin de nourrir les débats sur « L’océan végétal », est revenu, avec chiffres et documentation à l’appui, sur la place du châtaignier en Castagniccia-Casinca entre le XVIIe siècle génois, période dite de la « Coltivazione » au cours de laquelle semble avoir émergé dans les sources l’appellation de « Castagneto/Castagniccia », et la Première guerre mondiale qui marque le début d’une crise profonde tant pour la castanéiculture que pour l’ensemble du monde rural insulaire.

Son exposé clair et précis a été suivi par celui d’Éléonore Bozzi, agent de la direction régionale des affaires culturelles de Corse en charge de la protection des Monuments Historiques et du label « Villes et Pays d'Art et d'Histoire », qui avait choisi de présenter un thème encore méconnu des Corses eux-mêmes et en lien direct avec le drainage des terres littorales fertiles et la maîtrise de l’irrigation : celui des fermes et bâtiments agricoles remarquables de la plaine de la Casinca érigés généralement entre la fin du XVIIIe et la seconde moitié du XIXe siècle. Après avoir dressé brièvement les différentes typologies d’édifices mises en évidence par ses premiers travaux, Éléonore Bozzi a invité le public, en guise de conclusion, à s’interroger sur le devenir de ce patrimoine dont la destination a changé de nature au cours de la seconde moitié du XXe siècle avec la transformation fréquente de ces constructions, initialement pensées pour un usage professionnel, en « résidences de caractère ».

La chambre d’agriculture de la Haute-Corse qui avait été aussi conviée prenait le relais afin de compléter les propos des interventions précédentes par des données actuelles de manière à dresser le tableau des activités agricoles et pastorales en Castagniccia-Casinca. Estelle Fiette et Anna Livia Mattei, agents au sein du service « Aménagement foncier », s’appuyant sur de nombreuses illustrations et des cartes explicites, ont partagé leur expertise du territoire ainsi que leurs connaissances relatives aux pratiques agricoles traditionnelles.  

Martin Viollat-Orsoni, agent de la communauté de communes en charge, à la fois, des 2 sites « Natura 2000 » portés et animés par la collectivité ainsi que du suivi de la compétence dite « Gemapi » (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), avait préparé pour les étudiants une présentation illustrée leur permettant d’appréhender les différents milieux naturels sensibles ainsi que les enjeux de conservation des espaces littoraux de Tanghiccia, de l’embouchure du Golo, de Ciavattone et de Mucchiatana mais aussi du site montagnard de Poggio-Marinaccio. Son bilan des actions entreprises pour protéger la biodiversité de ces zones classées « Natura 2000 », tout en conciliant cette protection avec les activités humaines traditionnelles qui s’y déroulent, lui a donné l’occasion de proposer aux élèves architectes deux projets susceptibles de les intéresser : l’un consistant à réhabiliter une construction rurale du XIXe siècle située en bordure de l’anse de Ciavattone en maison du site « Natura 2000 » (avec base nautique au rez-de-chaussée ; espace muséographique et d’observation ornithologique au 1er étage ; zone refuge dans les combles pour les colonies de chauve-souris fréquentant la zone humide pour s’y nourrir) ; l’autre concernant des créations de cheminements balisés et équipés d’une signalétique informative. 

Stéphane Orsini, chef du service « Patrimoine » de la communauté de communes, concluait la série d’interventions en retraçant rapidement les grandes évolutions de l’occupation de l’espace en Castagniccia-Casinca depuis la préhistoire jusqu’à la fin du Moyen âge et l’apparition des villages perchés encore visibles et habités pour la plupart. Son propos s’est concentré ensuite sur le développement de la notabilité rurale présente, y compris architecturalement, au cœur de ces habitats. La richesse initiale de cette notabilité repose essentiellement sur l’exploitation de la totalité de la plaine fertile de la Casinca rendue possible par les travaux d’assainissement engagés dès l’élaboration du Plan Terrier et qui se sont poursuivis tout au long du XIXe siècle (notamment sous le Second empire) et durant la première moitié du suivant. A la construction de ce réseau de canaux de drainage sont venus s’ajouter les canaux d’irrigation avant que ces derniers ne soient remplacés par la mise en place des réseaux de distribution d'eau brute installés pour les agriculteurs par la société de mise en valeur de la Corse (Somivac) et dont l’activité a été reprise par l’office d’équipement hydraulique de la Corse (OEHC).         

Dans le cadre des échanges ayant suivi les différents exposés, le président Antoine Poli ainsi que Joseph Colombani, président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse, se sont longuement exprimés afin d’apporter, avec d’autres, leur contribution et tenter de répondre du mieux possible aux nombreuses interrogations posées par les élèves architectes concernant la gestion des ressources en eau, qui devient problématique à présent même en Castagniccia-Casinca du fait des impacts du changement climatique mais sans doute également d’une absence de politique ambitieuse visant à doubler les capacités de stockage pour faire face aux périodes de sécheresse, et de leur utilisation, notamment à des fins agricoles.   

Après cette longue séance de travail, la journée s’est terminée par le partage d’un moment de convivialité autour d’un buffet offert par la communauté de communes et au cours duquel Felì et Stefanu Travaglini, accompagnés par un percutionniste et une talentueuse chanteuse, ont partagé avec les étudiants et tous les acteurs de ce 2e « Café Archi », en avant-première et en acoustique, quelques morceaux du dernier album inédit « Amparatemi à cantà ». Un exemplaire a d’ailleurs été remis par la communauté de communes, en cadeau souvenir de leur séjour sur le territoire, à chaque élève architecte ainsi qu’à leurs professeurs.

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« Les sentiers des savoirs » mènent à Nocario !

Retour en montagne pour ce 3e et ultime « Café Archi » ponctuant la semaine en immersion des élèves architectes et de leurs professeurs de l’école nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Nantes.

Pour traiter de la dernière thématique identifiée dans leur projet pédagogique, celle dite des « sentiers des savoirs », le choix du site s’est porté sur Nocario et, plus particulièrement, sur la « casa Paoletti » située dans le hameau de Pietricaggio.  Cette élégante bâtisse de la première moitié du XIXe siècle appartient aujourd’hui au parc naturel régional de la Corse (PNRC), partenaire de l’opération « Ateliers hors les murs - Avenir Montagnes ». Elle abrite certains services administratifs du parc mais peut aussi accueillir des scolaires ou encore, dans le cas présent, des séminaires et des réunions de travail.

 

Comme pour les deux rencontres précédentes, il s’agissait d’y convier les acteurs du territoire à y partager leur connaissance du terrain et à y aborder diverses problématiques dans le but d’éclairer l’approche des élèves architectes, d’alimenter leur réflexion et de leur faciliter le repérage des sujets susceptibles d’être retenus pour leurs travaux de fin d’études.  

 

Après avoir brièvement rappelé le fonctionnement ainsi que les objectifs des « Ateliers hors les murs », Michèle Barbé, présidente de la maison de l’architecture de la Corse (MAC), a présenté les différentes personnes ressources invitées pour animer cette 3e rencontre puis a cédé la parole au groupe d’étudiants de l’ENSA en charge de la problématique des « sentiers des savoirs ». L’intervention de ces derniers, qui ont livré leurs premières impressions sur le sujet, a servi d’introduction aux prises de paroles suivantes.

 

Faisant écho aux propos tenus par l’historien Fabien Gaveau lors du premier « Café Archi » de Campile, les élèves architectes ont fait le constat, qu’à l’heure actuelle, les sentiers ont perdu la quasi totalité de leurs fonctions originelles (lien entre les lieux de vie, les activités économiques et les échanges) et que leur survie n’est due qu’à des utilisations liées aux loisirs et aux sports de pleine nature. Comment, dès lors, peuvent-ils servir à apprendre, à transmettre et à diffuser l’identité du territoire et de ses habitants ? A quels (nouveaux) publics peuvent-ils s’adresser ? Cette perte de sens et d’utilité peut-elle être compensée par d’autres usages qui permettraient de recréer des connexions, y compris immatérielles, entre les lieux, les habitants et le territoire ?

 

Suite à cette salve de questionnements, le premier à intervenir a été Paul Battesti, maire de Nocario, qui a dressé le tableau de sa commune à travers l’évocation passionnée et émouvante de ses hameaux, de ses limites, de sa géographie, de son patrimoine, notamment religieux, et de sa population passé et actuelle. Bien qu’étant castanéiculteur lui même, le premier magistrat de la commune a préféré laisser parler de ce sujet à Hector Giudicelli qui, depuis plus de 50 ans, cultive des châtaigniers sur une douzaine d’hectares non mécanisables. Celui-ci est ainsi revenu sur les problèmes que connaît l’activité castanéicole et en a livré une vision très pessimiste : la vieillesse du verger qui n’a pas été renouvelé ; des rendements en baisse avec les effets conjugués du cynips et, plus récemment, de la sécheresse ; de la divagation animale qui impacte les replantations et nécessite l’installation de clôtures coûteuses ; l’entretien trop lourd des parcelles non mécanisables ; l’absence d’une pépinière opérationnelle et productive ; des tentatives manquées de greffage, la maladie du chancre profitant de la blessure faite à l’arbre lors de la greffe pour s’y installer… Actuellement, le monde castanéicole se montre également attentif aux enjeux d’adaptation de la filière face aux effets du changement climatique.

 

François Geronimi, le directeur du PNRC, est intervenu ensuite, d’abord en remerciant les participants puis en leur souhaitant la bienvenue. Il a présenté la « casa Paoletti » qui lui a donné l’occasion d’évoquer le bâti ancien de la Corse mais aussi l’expérimentation en cours prévoyant l’installation dans ces locaux d’un point d’information touristique en collaboration avec la communauté de communes de la Castagniccia-Casinca. Il a rappelé brièvement les grandes missions du parc et a félicité les étudiants pour leur travail ainsi que ce premier regard qu’ils ont porté sur le territoire. Les agents du parc ont pris la suite. C’est d’abord Jacques Casta, du service « Randonnée », qui a détaillé ses missions sur les sentiers de grande randonnée comme les « Mare à Mare ». Il a précisé que, pour la Castagniccia, il y a également un accompagnement à destination des communes ou de l’intecommunalité mais aussi des associations organisatrices de trails comme celui de la Via Romana ou pour l’entretien des circuits de la station de trail de Piedipartino et que, donc, la stratégie d’intervention du parc s’appuyait sur des initiatives locales et notamment publiques.

 

Cette intervention a suscité d’intéressants échanges entre les participants qui ont ainsi débattu de différents sujets autour des sentiers, de l’équilibre à trouver entre leur fréquentation et la préservation des sites, de la capacité d’accueil des villages voire de l’acceptabilité de leurs habitants. Des exemples de sentiers à thèmes existants ou à créer ont été cités : le sentier des arbres, à Nocario, ou le projet d’un sentier de découverte des moulins cher à Hector Giudicelli et à Pantaléon Alessandri.

 

Les discussions se sont poursuivies sur le sujet des sentiers à thèmes avec l’intervention de Jean-François Stefani qui a présenté la station de trail de Piedipartino ainsi que les projets la liant à la piscine communale de « L’Onda ». Il est revenu sur le concept national développé par le groupe Rossignol autour des activités dites « outdoor » qui lui semble un bon support pour entretenir les parcours grâce à la fréquentation des randonneurs et des trailers, ce qui redonne de nouveaux centres d’intérêt pour ces sentiers. Selon Jean-François Stefani, pour qui la Castagniccia est passée de l’état de verger à celui d’une jungle où les milieux se ferment, recouvrant les traces de civilisation, et les circulations deviennent difficiles, la présence des trailers est bénéfique puisqu’elle permet aujourd’hui de réouvrir les espaces, de se déplacer sur le territoire en ayant des choses à y voir et cela aussi bien pour les personnes de passage que pour les populations locales. 

 

La parole est revenue au PNRC et à Pauline Peraldi qui a évoqué les grands projets du syndicat mixte, notamment ceux liés à la rénovation des refuges du GR 20 ainsi qu’à la nouvelle gouvernance les concernant, en particulier la décision de ne pas augmenter leur capacité d’accueil afin de prendre en compte les enjeux environnementaux et limiter ainsi l’impact de la fréquentation sur les milieux fragiles abritant des espèces à forte valeur patrimoniale. Son intervention a permis d’aborder de nombreux sujets comme le plan alimentaire territorial porté par le parc et la nécessité de privilégier les circuits courts en s’appuyant sur les producteurs locaux ; l’enquête menée sur les besoins des usagers des grands itinéraires ; le constat que 20 à 30% des pratiquants du GR 20 manquent totalement de préparation, d’expérience et de condition physique pour affronter ce grand sentier de randonnée mythique !

 

Vannina Bernard-Leoni, membre de l’association « Terra è ghjente d’Orezza » a voulu faire part quant à elle du point de vue des « gens du coin ». Originaire de Parata, elle vit en ville mais souhaiterait tellement pouvoir travailler plus en Orezza et ne plus y venir seulement en villégiature… Pour elle, l’une des solutions serait de créer un tiers-lieu qui aurait pour vocation d’être à la fois un point de rencontre convivial mais aussi un espace pour le coworking. Avec un outil de ce type, il pourrait être possible à de jeunes actifs installés en plaine de venir continuer à travailler en Orezza dès le vendredi voire même le jeudi. Il existe selon elle une véritable aspiration à revivre dans les villages de l’Orezza et, plus généralement, dans le rural profond. Elle a encouragé les élèves architectes à se pencher sur cette question sans oublier les liens entre le patrimoine et la langue, notamment à travers la toponymie, mais aussi les différents usages de la langue, en particulier la poésie chantée ou encore la polyphonie.

 

Autre témoignage, celui d’Alain Wagner, habitant permanent à Verdese. Ce permaculteur en maraîchage a quitté Paris pour venir avec sa famille s’installer, travailler et vivre en Castagniccia. Il a évoqué l’attitude des habitants, leurs usages, leur histoire, leur culture et a rejoint les constats précédents concernant ce territoire pour lequel il n’y a plus de nécessité vitale et qui est essentiellement perçu comme un lieu où il est agréable de venir s’y promener… Mais cet « entrepreneur raisonnable du rural », même s’il a conscience de la perte de la paysannerie au XXe siècle, n’est pas résigné pour autant. Il a démaquisé 3 hectares pour implanter sa microferme en remettant au jour des « bouts de civilisation » qui étaient présents sous la végétation et qui ont occupé et structuré l’espace durant des siècles.

 

Doria Bellache, doctorante en anthropologie de l’environnement auprès du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, a conclu cette série de riches et pertinents témoignages. Menant ses recherches en collaboration avec l’université de Corse, elle s’intéresse aux châtaigneraies insulaires et vit actuellement à Nocario dans le cadre de ses études afin d’’être au plus près de son sujet. La doctorante a expliqué aux élèves architectes que la châtaigneraie en Orezza constituait un socio-écosystème rural autour duquel toute une civilisation gravitait. Elle a aussi brièvement décrit les conséquences du déclin de cette espèce pivot. Avec la déprise agricole, qui s’est accentuée à partir des années 60, il y a eu d’importants impacts sur les habitants qui ont vécu ce phénomène affectant le travail humain dans les vergers de châtaigniers comme une régression. Doria Bellache a également souligné certains aspects des problématiques liées au foncier, caractérisé par des parcelles morcelées de faible superficie soumise à l’indivision, en invitant l’auditoire à s’interroger sur deux visions du monde : celle des propriétaires des maisons et des châtaigniers qui, souvent, sont absents du territoire ou qui n’y reviennent que pour l’été et dont la perception est forcément différente de celle que peuvent avoir les habitants permanents de l’Orezza. Afin de ne pas rester sur une approche trop négative et pessimiste de la situation dans cette partie de la Castagniccia, Doria Bellache a avancé quelques pistes. Ces zones à l’accès relativement difficile et dépourvues de services manquent d’habitants pour reprendre la main. Selon elle, il faudrait en premier lieu créer le désir de revenir autrement que pour un week-end avant même de penser aux conditions de ce retour…          

 

C’est sur cette timide note d’optimisme suivie à nouveau des remerciements de Michèle Barbé à tous les participants que s’est achevé en début de soirée ce 3e et dernier « Café Archi » ayant rythmé l’intense semaine d’immersion de l’ENSA en Castagniccia-Casinca.  

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Le moment tant attendu de la restitution !

A l’issue de leur semaine d’immersion en Castagniccia-Casinca, le moment était venu pour les 24 étudiants de l’école nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Nantes, de présenter, sous l’œil attentif des 3 professeurs qui les ont accompagnés tout au

Diagnostics, ressentis du territoire et premières ébauches de plans-guides liées aux 3 thématiques identifiées dans le projet pédagogique de l’ENSA - à savoir « L’océan végétal », « Au fil de l’eau » et « Les sentiers des savoirs » - étaient au programme de cet après-midi de restitution organisé le 17 mars dernier dans les locaux du conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de Corse, à Bastia.

 

Après les traditionnelles allocutions de bienvenue suivies par les remerciements adressés par Vannina Chiarelli-Luzi, conseillère territoriale vice-présidente du CAUE de Corse, puis par Michèle Barbé, présidente de la maison de l’architecture en Corse (MAC), aux partenaires de l’opération « Ateliers hors les murs / Avenir Montagnes » ainsi qu’à l’ensemble des élus de l’intercommunalité et des communes membres mais aussi à tous les intervenants aux « Cafés Archi », c’était au tour de Stéphanie Grimaldi, la directrice du CAUE de Corse, de revenir sur la genèse de la collaboration avec l’ENSA de Nantes initiée en 2022 à travers le programme national « Petites villes de demain » et de confier à l’auditoire son impatience de prendre connaissance des premières productions des élèves architectes de la session 2023.

 

Pour sa part, Pierre-Ange Orsini, maire de Poggio-Marinaccio et élu communautaire représentant le président Poli retenu par d’autres obligations, a d’abord remercié les équipes ainsi que les élus de la communauté de communes qui s’étaient fortement impliqués pour réussir à organiser la semaine d’immersion puis a évoqué trois points qui lui semblaient fondamentaux dans ce projet : l’opportunité d’offrir un support d’étude concret et attractif aux élèves architectes ; l’adéquation totale entre cette démarche et l’action de la collectivité en faveur du développement de la Castagniccia-Casinca et, notamment, de l’intérieur du territoire ; le fait que ladite intercommunalité s’étende sur une grande partie d’une micorégion emblématique de la Corse qui parle et même qui interpelle… 

 

A la suite de ces divers propos introductifs, la première équipe d’étudiants, celle travaillant sur la thématique intitulée « Au fil de l’eau », débutait la séance de restitution en diffusant un film présentant les différents cheminements empruntés à travers la Castagniccia-Casinca afin d’y retrouver l’eau sous toutes ses formes ainsi que les rencontres, avec des personnes ou des lieux, effectuées au gré de ces déplacements entre « mare è monti ». Depuis la plaine de la Casinca dominée par les villages de Vescovato ou de Venzolasca jusqu’à La Porta, étape finale de l’un des circuits et où l’eau est omniprésente, en passant par Campile et le Casacconi, les élèves architectes ont pu percevoir que le rapport à l’eau, comme au patrimoine qui lui est lié, est différent selon que l’on se trouve près du littoral ou bien plus dans l’intérieur du territoire. A cette période de l’année, l’eau s’écoule partout sans que personne ne paraisse y prendre garde… Les étudiants ont constaté que les points d’eau semblaient délaissés alors qu’ils ont constitué par le passé des lieux vitaux d’usage et de rencontre et qu’ils contribuent fortement à l’identité de la Castagniccia-Casinca. Les pistes présentées par ce premier groupe d’élèves architectes proposent de remonter à la source, « da u mare à i monti », pour y trouver la matière et l’inspiration afin de développer le territoire. 

 

L’équipe suivante avait pour mission de s’occuper de la seconde thématique, celle de « L’océan végétal ». A nouveau, un film tourné au cours de la semaine d’immersion, et mettant en avant les témoignages des habitants rencontrés au fil des visites, permettait d’entrer concrètement dans le vif du sujet. Cet océan est en mouvement au gré des saisons et de l’évolution des feuillages des essences qui le composent. Il passe du vert, au rouge puis au doré avant de prendre un ton général gris cendré et contraste avec le bâti qui peut se percevoir comme de minuscules ponctuations posées sur les reliefs. Dans cet environnement, les étudiants ont pris conscience que les distances ne s’expriment pas en kilomètres mais en temps de trajet. Ils ont également ressenti qu’il y avait différentes façons d’habiter la Castagniccia-Casinca et qu’il existait un désir fort, en particulier chez les jeunes et malgré les nombreux obstacles (absence de services, de commerces, de maîtrise du foncier…), de résider dans les villages. Les élèves architectes se sont donc interrogés sur les modalités d’une reconnexion entre les zones péri-urbaines littorales et l’intérieur ultra rural grâce au végétal ainsi que sur les manières de faire de la Castagniccia le poumon vert de la Corse. De là sont nées les prémisses de quelques projets comme par exemple celui d’un itinéraire des belvédères.

 

Le dernier groupe avait en charge la thématique des « sentiers des savoirs » rattachés à des patrimoines aussi bien matériels qu’immatériels. Le diagnostic que ses membres ont effectué en s’appuyant sur l’analyse des atouts et des activités actuelles repérés sur le territoire (ressources, productions…) a permis de mettre en lumière des polarités qui se dessinent à partir de plusieurs points d’ancrage situés tant en montagne qu’en plaine et à partir desquelles émerge une cartographie originale appelant un regard nouveau sur les relations littoral-intérieur. Celui-ci invite alors à entremêler les dynamiques et les initiatives afin de pouvoir créer une programmation d’ensemble et non plus seulement un « parsemage » de projets sans connexion les uns aux autres. Parmi les propositions émanant de cette approche ont été évoqués, pour dynamiser par le tourisme, des auberges de jeunesse ; pour transmettre et relancer les savoir-faire locaux, des centres d’apprentissage et d’artisanat ; pour atteindre l’autonomie alimentaire et implanter des services, des coopératives agricoles, des classes vertes et des structures d’apprentissage alternatives ; pour attirer des habitants et de nouveaux actifs, des tiers-lieux… 

 

A l’issue de ces restitutions, plusieurs intervenants, notamment des acteurs du territoire et des habitants des villages, ont pris la parole et ont poursuivi l’échange avec les étudiants. L’essentiel du débat s’est focalisé sur la revitalisation de l’intérieur et le retour des populations dans les zones en fort déclin démographique. Un constat a également été unanime : celui d’être témoin d’un moment de profond changement avec l’apparition d’un monde aux attitudes hybrides, aux compétences croisées, aux acteurs multitâches, bref d’un retour de la polyactivité. 

 

Interrogé par Michel Barbé, le mot de la fin est revenu à Paul-André Dominici, agent de la communauté de communes de la Castagniccia-Casinca en charge du tourisme, qui a insisté sur le fait que tous ces projets prometteurs devaient impérativement tenir compte de l’identité du territoire. En effet, se contenter de transposer simplement en Corse des démarches qui ont fonctionné ailleurs dans des environnements similaires ne suffit pas à garantir leur réussite. Selon lui, l’acceptabilité des projets est l’une des conditions primordiales du succès de ces initiatives car rien de durable ne pourrait réussir sans être d’abord en accord avec les aspirations des acteurs de la Castagniccia-Casinca.

 

Cet après-midi studieux s’est achevé autour d’un buffet offert par le CAUE de Corse marquant la fin du séjour des étudiants de l’ENSA de Nantes et au cours duquel tous les participants ont pu continuer à discuter des perspectives de développement de l’intérieur mais aussi des étapes importantes (choix des sujets, élaboration et soutenance des projets de fin d’études, retour en Corse à l’automne pour les présentations publiques) à venir pour ces « ateliers hors les murs » 2023 placés sous le thème du plan de relance national « Avenir Montagnes ».

Hors le murs Communauté de communes de la Castagniccia Casinca

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